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T comme Traduire

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 » Je ne dis jamais que le texte que je donne en français est la version originale, c’est une version personnelle, ponctuelle qui n’a de vérité que ma propre lecture. J’essaie de le rendre aussi partageable que possible. C’est la pensée qu’on partage, c’est à dire le chemin de la structure des images. »

 » Non, je n’ai jamais été le contemporain de personne. Traduire, c’est cela aussi, c’est à dire, être dans toutes les époques, refuser l’ici et maintenant, considérer que nous ne vivons pas ici et maintenant simplement pour nous-mêmes mais que nous sommes conscients d’une durée, et que c’est une durée polyphonique. »

« foule ampleur de nouveaux spectres…le livre est vide…757 »

« Comment l’étranger le plus total est notre miroir absolu » André Markowicz

http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-1ere-partie-andre-markowicz-la-traduction-est-un-exercice-de-reconnaissance

« La traduction donne à l’homme ses meilleures leçons d’humilité : pour être précise et fidèle, elle n’est jamais parfaite. Car entre le sens et l’intention, entre ce que le texte exprime et ce que l’auteur veut dire, il faut choisir, et ce choix engage rien de moins qu’une conception du sens comme événement. De deux choses l’une : ou bien la multiplicité des langues ne sont que les diverses manifestations d’un sens originaire et universel, qui, pour être le ciment de l’humanité, n’appartient à personne, ou bien elles sont le signe que le sens échappe toujours en partie au langage, auquel cas l’écriture serait une tentative jamais close de ressaisir ce reste, cet au-dehors du langage sans lequel l’art n’aurait plus lieu d’être.

(…)

Ainsi conçue, la traduction serait le meilleur étalon de la mesure de l’homme, ni ange ni bête, tiraillé entre la quête de sens ultime et l’acceptation que celui-ci lui échappe, révélant ce que la finitude peut avoir de créateur. Si le traducteur est un traitre, alors c’est le lot commun, tant le langage est toujours lui-même affaire de traduction, du collectif au singulier, de l’objectif au subjectif, de l’original à l’interprétation.

(…) »

Adèle Van Reeth

http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-la-traduction-14-qu’est-ce-que-traduire-2014-03-17

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 Lignes d’erre, »Ainsi peut se transcrire la présence de Janmari, là, près de nous, en janvier 74. »
Granies, Isaac Joseph et Fernand Deligny, fragments.

« La forme de transposition la plus voyante, et à coup sûr la plus répandue, consiste à transposer un texte d’une langue à une autre: c’est évidemment la traduction…Aucune traduction ne peut être absolument fidèle, et tout acte de traduire touche au sens du texte traduit. Il vaudrait mieux , sans doute, distinguer non entre textes traduisibles (il n’y en a pas) et textes intraduisibles, mais entre textes pour lesquels les défauts inévitables de la traduction sont dommageables… et ceux pour lesquels ils sont négligeables… (encore qu’une bévue dans une dépêche diplomatique ou résolution internationale puisse avoir de fâcheuses conséquences)…Choix entre une accentuation abusive et une neutralisation forcée…Le plus sage pour le traducteur, serait sans doute d’admettre qu’il ne peut faire que mal, et de s’efforcer pourtant de faire aussi bien que possible, ce qui signifie souvent faire autre chose. A ces difficultés…horizontales (synchroniques) que pose le passage d’une langue à l’autre s’ajoute…une difficulté verticale ou diachronique qui tient à l’évolution des langues…traduire en français moderne, c’est…supprimer la distance de l’historicité linguistique ( » rumeur des distances traversées » disait Proust), renoncer à mettre le lecteur français dans une situation comparable à celle du lecteur…anglais original; traduire en français d’époque, c’est ce condamner à un archaïsme artificiel…le compromis historique est sans doute…une concession à la lisibilité pour le lecteur moderne » Palimpsestes, Gérard Genette, Edition du seuil, 1982, p 293-299