P

P comme Partition
Jean-Pierre Lacalmontie, Noirs et Blancs

Objet de rareté, cette source est comparable à l’anecdote qu’il ne faudrait pas selon Arlette Farges traiter de manière anecdotique mais au contraire tenter de lui rendre sa part énigmatique, révélatrice, inattendue qui empoigne le réel vers un ailleurs, qui donne à espérer, comme le lieu où se passe une entrée en scène des forces ; lui rendre sa place inventive et anxieuse dans le cours saccadé des événements.

La partition pourrait être le reflet d’une œuvre, un corps spectral, qui a construit les conditions d’une interprétation infinie. Comme « conjonction entre des périodes séparées » (Nicole Caligaris, Les hommes signes) elle participe à la transmission de la mémoire chorégraphique et construit une communauté de geste dont les outils sont partageables.

Usages de la partition:

  •  vraisemblable: la notation et la reconstruction ont pour but de traduire une danse telle qu’elle pourrait être. (citation)
  • impressionniste-abstrait: La transformation de partition donne à voir autrement une danse à travers une construction, un point de vue.
  • Scientifique: démarche où il ne s’agit plus de traduire l’oeuvre mais d’étudier, enseigner ou de composer à partir des principes mis en exergue par la partition.
  • Inspiré: Lorsque l’oeuvre renvoie à autre chose qu’elle-même, il s’agit de donner forme à cette intuition.

Quelque soit l’usage de la partition, à mesure que les mots choisis par la traductrice sont lus ou rendus à un corps, on découvre une chorégraphie, un chorégraphe mais aussi un rapport à ces derniers : ce qu’on y trouve de familier, d’étranger, de convaincant, de scandaleux…Ainsi la partition déchiffre à son tour le lecteur et l’époque de ce dernier. Et peut-être qu’aucun sujet n’est pris au hasard.

« Voilà sans doute le genre de processus qui anime la vie intérieure d’un lecteur. Chaque forme littéraire ne lui est pas offerte comme une identification reposante, mais comme une idée qui l’agrippe, une puissance qui tire en lui des fils et des possibilités d’être. Il s’y trouve suspendu à des phrases, à ces forces d’attraction qui nourrissent en continu son propre effort de stylisation.  » Façons de lire, manières d’être. Marielle Macé