Rudolf von Laban (1879-1958) a commencé ses recherches sur la notation dans les années 1910, en même temps que celles sur la kinesphère. Il présente ses premiers résultats en 1926 dans son livre Choreographie, puis affine son système, la cinétographie, à la fin des années 1920 à l’Institut chorégraphique de Würzburg. (Danser avec le IIIe Reich, Laure Guilbert, p. 81)
(Pour une biographie de Rudolf von Laban: Ibid. pp. 30-35)
Il l’utilise pour consigner des exercices et des danses chorales, avec son disciple Albrecht Knust. La notation ouvre la voie à de nouveaux processus de création. Les chorégraphies sont d’abord écrites sur partition avant d’être enseignées aux danseurs. Ce système permet d’augmenter la taille des choeurs. En 1931, Martin Gleisner transmet ainsi le jeu choral Chant rouge. Une seule répétition générale avec les mille participants est nécessaire. (Ibid. p. 53)
Rudolf Laban est également à l’origine de la création de la Société d’écriture de la danse [Schrifttanz] et du magazine trimestriel «Schrifttanz » où est publié le système en 1928 puis en 1930 (dans une version traduite en Anglais et Français).
Albrecht Knust fonde un premier bureau de la notation de la danse en 1930 puis un deuxième en 1936 à Berlin, financé par la Chambre du théâtre. La création du Département de la danse en avril 1936 consacre le métier du notateur. Il écrit des articles sur la cinétographie Laban dans la revue Schrifttanz puis Der Tanz, organe d’information de la Société allemande pour l’écriture de la danse.
Ce deuxième bureau de la notation a été ouvert principalement dans la perspective de la préparation du spectacle Vent de rosée et nouvelle joie, choeur de mouvement transmis à 2000 danseurs grâce à une partition Laban notée par Albrecht Knust. Prévue pendant la semaine de la danse chorale pour l’inauguration d’une scène en plein air à la veille des JO de Berlin, il est finalement censurée par Goebbels après la répétition générale du 20 juin 1936 moins pour des raisons esthétiques que politiques. Les raisons qui amènent le ministre de la Propagande à nommer Rudolf Von Laban à la tête de la Chambre de théâtre sont analogues à celles qui l’incitent à le censurer, il soutient puis discrédite en fonction des nécessités du moment. (Ibid. pp. 231-232, p. 265).
La mission culturelle du bureau de la notation se trouve d’autant plus réduite à l’automne 1936 , après la censure du choeur et la clôture des JO, qu’aucun projet choral ne semble avoir été prévu. Le bureau perd de sa raison d’être lorsque Rolf Cunz qui prend les fonctions de Rudolf Laban annonce la radiation des méthodes labaniennes en juin 1937. (Ibid. p. 266).
Le métier de notateur n’est pas pour autant supprimé. Albrecht Knust, perd son poste à la Chambre de Théâtre mais il peut poursuivre son enseignement et ses recherches. Installé à Hambourg entre 1937 et 1939, il crée un groupe de danse et rédige la première version des huit volumes de son Encyclopédie de la cinétographie Laban. Entre 1939 et 1945, il est engagé comme notateur à l’Opéra National de Munich et transcrit la plupart des oeuvres des maîtres de Ballet, Pia et Pino Mlakar. (Ibid. pp.241-2)
Progressivement privé d’activité, Rudolf Laban quitte l’Allemagne pour Paris puis pour l’Angleterre, définitivement, en 1938, rejoignant Kurt Joos (exilé d’Essen depuis 1934). Il y entame une seconde carrière. Il étudie le rythme du travail des ouvriers dans les usines d’armement Paton Lawrence & Co de Manchester et définit une méthode fondée sur l’économie d’effort. En 1946, il confonde et dirige avec son assistante Lisa Ullmann, le Art of Movement Studio de Manchester ( qui deviendra en 1976 Le Laban Centre de Londres). Lisa Ullman fonde ICKL après le décès de Rudolf Laban en 1958.
En France, l’enseignement de la cinétographie a été introduit en 1958 à l’ESEC (Ecole supérieure d’études chorégraphiques), puis en 1990 au sein du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, sous l’égide de Jacqueline Challet-Haas, spécialiste française de la cinétographie Laban.
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Liens:
Biographie d’Albrecht Knust et présentation de son fonds d’archive déposé au Centre National de la Danse:
http://isis.cnd.fr/notateurs/spip.php?article48
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